Sara, et pas Surcis – nouvelles informations sur un des enfants du Bullenhuser Damm
20 enfants juifs ont été séparés de leur famille au camp de concentration d'Auschwitz en 1944 et déportés au camp de concentration de Neuengamme. Les enfants étaient âgés de 5 à 12 ans. À Neuengamme, ils ont été soumis à des expériences médicales sur la tuberculose, menées par le médecin Kurt Heißmeyer. Lorsque les Alliés se rapprochaient de Hambourg, les enfants, témoins de ce crime, ont été assassinés par les SS dans la cave d'une ancienne école du Bullenhuser Damm.
Mais les SS n'ont pas réussi à dissimuler complètement ce crime. Des anciens détenus des camps de concentration d'Auschwitz et de Neuengamme ont témoigné après la guerre, de ce dont ils avaient été témoins et ils ont pu donner les noms des enfants.
Une note manuscrite de Rose Grumelin, qui s'appelait encore Rucza Witońska à l'époque, a joué un rôle important dans cette affaire. Elle est la mère de deux des enfants assassinés au Bullenhuser Damm et avait été déportée avec eux au camp de concentration d'Auschwitz. Après sa libération, elle a noté les noms des enfants qui y avaient été emmenés avec sa fille Eleonora et son fils Roman.
L'un des onze noms qu'elle a notés était Surcis (ou Surcia) Goldfinger. Elle a également indiqué le matricule « A 16918 » du camp de concentration d'Auschwitz. Des détenus du camp de concentration de Neuengamme se sont souvenus d'une fille portant le nom de famille « Goldinger ». Ce matricule permet de déduire que la fillette a été déportée d'Ostrowiec près de Radom en Pologne au camp de concentration d'Auschwitz.
À la fin des années 1970, le journaliste Günther Schwarberg s'est mis à la recherche des familles des enfants assassinés. Il a réussi à attribuer des noms à la plupart des enfants et à retrouver plusieurs de leurs proches qui avaient survécu à la Shoah.
Cependant, aucun proche de la fillette identifiée comme « Surcis Goldinger » d'Ostrowiec n'a pu être retrouvé.
L'auteure italienne Maria Pia Bernicchia et l'historienne Alberta Bezzan de la Fondazione Centro di Documentazione Ebraica Contemporanea (CDEC) à Milan ont été surprises par le prénom inhabituel « Surcis ». Ce nom n’est pas courant en polonais, en yiddish ou en hébreu, alors que « Surcia » est un petit nom pour « Sara ». Et en effet : Au Mémorial international de la Shoah de Yad Vashem, elles ont trouvé le nom de « Sara Goldfinger » sur une liste de Juifs assassinés d'Ostrowiec. Cette liste avait été établie par son oncle Chaim Eliezer Yehuda Goldfinger en 1972. Les noms de ses parents sont indiqués dans cette liste : Yitzhak et Hadasa Goldfinger. Une autre référence à Sara Goldfinger est une feuille commémorative à Yad Vashem, établie en 2010 par Isser Gerber. Ce rescapé de la Shoah originaire d'Ostrowiec souhaitait perpétuer le souvenir du plus grand nombre possible de membres assassinés de sa communauté. Malheureusement, il est aujourd’hui décédé.
Sara Goldfinger pouvait-elle être la fillette connue uniquement comme « S.G., 11 ans » dans les notes du Dr Heißmeyer concernant ses travaux ?
Alberta Bezzan s'est rendue à Ostrowiec, en Pologne, où elle a obtenu l'acte de naissance de Sara. Elle a ainsi découvert que Sara Goldfinger y était née le 20 septembre 1933, fille d'Icek Goldfinger et de Hudesa Goldfinger, née Mincberg.
Elle avait donc effectivement 11 ans en 1944, lorsque le Dr Heißmeyer effectuait des expériences sur la tuberculose sur les enfants du camp de concentration de Neuengamme. Sara Goldfinger est-elle maintenant identifiée sans aucun doute comme l'enfant connue jusqu'à présent sous le nom de « Surcis Goldinger » ?
Le Mémorial du camp de concentration de Neuengamme a demandé aux archives d'Ostrowiec s’il y a d’autres enfants portant le nom de famille Goldfinger ou Goldinger et dont le prénom commence par un « s ». Ce n'est pas le cas. Nous supposons donc maintenant que Sara Goldfinger est la fillette assassinée par les SS le 20 avril 1945 dans l'école du Bullenhuser Damm.
Que sait-on d'autre sur Sara Goldfinger ?
Elle est née le 20 septembre 1933 à Ostrowiec dans l'Aleja 3 Maja, l'avenue du 3 mai, au numéro 3. Le 3 août 1944, elle a été transférée d'un camp de travail forcé d'Ostrowiec avec 305 femmes et enfants au camp de concentration d'Auschwitz. Elle a survécu à la sélection et a reçu le matricule A16918. Ses parents Icek (Yitzhak) et Hudes(s)a Goldfinger ont péri dans les camps d'extermination allemands, tout comme sa sœur Chava, qui avait le nom de sa grand-mère. Ses grands-parents Yaakov et Chava et ses oncles Shmuel, Menakhem, Tzvi et Leib n'ont pas non plus survécu à la Shoah. Elle faisait partie des 20 enfants juifs qui ont été emmenés au camp de concentration de Neuengamme le 28 novembre 1944 et ont été assassinés le 20 avril 1945 au Bullenhuser Damm.
Pour le moment, nous ne disposons pas de plus d’information sur Sara Goldfinger.
La Fondation des mémoriaux et lieux didactiques à Hambourg et l'association Kinder vom Bullenhuser Damm remercient vivement l'initiative italienne, notamment Alberta Bezzan et Maria Pia Bernicchia, pour leur laborieux travail de recherche. Ceci montre que l'histoire n'est pas terminée et que de nouvelles recherches permettent de découvrir de nouvelles informations. Nous espérons en apprendre encore plus sur la famille Goldfinger.